Denis Colineau (49) Quand détruire ses couverts pour une efficience de l’eau optimale ?
Le couvert végétal contribue à réduire le ruissellement et l’évaporation, mais quand il est en place, il consomme aussi de l’eau, ce qui peut pénaliser la culture suivante. Quand le détruire ? Sur ses terres hydromorphes en Maine-et-Loire, Denis Colineau a fait un choix très clair.
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Une fois détruit, le couvert constitue un paillage, un mulch qui apporte de la matière organique et réduit l’évaporation de l’eau. Si le couvert reste longtemps en place, il a beau contribuer à réduire le ruissellement et l’évaporation, il consomme aussi un peu d’eau. Le bilan hydrique est donc très compliqué à faire.
Si le printemps est trop sec, le risque est de prélever trop d’eau dans le sol avec le couvert. La question épineuse à résoudre, pour l’agriculteur, est de définir le moment idéal pour détruire les couverts afin qu’ils permettent de ressuyer les sols sans consommer trop d’eau. « Dans les sols à faible réserve utile, il vaut peut-être mieux détruire le couvert un mois ou un mois et demi avant, et à l’inverse, dans des sols à réserve utile importante, on peut se permettre de pousser un peu plus loin », suggère Marie-Line Faure, ingénieure spécialiste de l’agriculture de conservation des sols (ACS) à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Sur son exploitation de La Pouèze (Erdre-en-Anjou), Denis Colineau a une stratégie très claire. Ses sols sont argilo-limoneux : « C’est très dur à travailler quand c’est sec, et quand c’est humide, c’est comme du beurre ». Sur ces terres hydromorphes, il laisse donc sa couverture en place le plus longtemps possible afin qu’elle pompe l’eau. Il peut ainsi implanter ses cultures de printemps sur un sol bien ressuyé sans être asséché.
« Je détruis mon couvert avec un rouleau, je fais cela le plus tard possible, en mars ou début avril, quand le sol a une bonne structure, poursuit l’agriculteur. Ce que je veux en plus, c’est que le couvert détruit fasse un paillage pour limiter l’évaporation et abriter toute la biodiversité possible. En laissant tout en surface, on reproduit ce qui se passe en forêt, tout simplement ».
Six fois moins de carburant
Chez lui, le recours à l’irrigation est impossible, « on est sur des schistes ardoisiers, on a fait des forages, on n’a jamais trouvé d’eau ». Ses 25 hectares de maïs se tiennent, « les racines vont chercher en profondeur l’eau et les éléments fertilisants ». Le couvert végétal contribue à cette résilience en limitant l’évaporation.
L’ACS lui a permis de surmonter plus d’un obstacle. C’est d’ailleurs pour faire des économies qu’il s’y est mis. « Avant on travaillait nos sols, on faisait des mottes en labourant, on passait notre temps à casser les mottes, on perdait du temps et de l’énergie, aujourd'hui on n’a plus ce problème-là », se réjouit l’éleveur laitier. « Pour 30 ha de blé, avant il me fallait 1 200 litres de carburant, maintenant que je ne fais plus de labour, je n’ai plus besoin que de 200 litres ».
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